lundi 11 juillet 2022, 00:01
La nationalisation complète de l’énergéticien français EDF, qui est déjà détenue à 84 % par l’État français, ainsi que l’annonce par le gouvernement du renflouement de 9 milliards d’euros du géant allemand de l’énergie Uniper, montrent l’ampleur de la crise financière, vécue par l’écosystème européen des entreprises énergétiques.
La dépendance quasi totale de la production d’électricité en Europe vis-à-vis du gaz naturel, le lent développement des énergies renouvelables et le fonctionnement faussé du marché du gaz naturel à travers le système TTF (Title Transfer Facility), permettent aujourd’hui au Kremlin de porter un coup dur à la les entreprises et les ménages, suite à la décision de Vladimir Poutine de mettre l’Europe à genoux.
Et tandis que le gouvernement grec tente de trouver les ressources nécessaires pour soutenir l’économie réelle et la société, et que les compagnies énergétiques tentent de s’équilibrer et de survivre dans cet environnement défavorable, la direction de SYRIZA vient proposer la seule chose qu’elle sait. La proposition de nationalisation de PPC.
L’aiguille du concept économique de SYRIZA est coincée au même endroit depuis des années. Ainsi, avec la même facilité avec laquelle il propose la nationalisation des banques pour accorder des “prêts au peuple”, il propose aujourd’hui le transfert de la PPC à l’Etat, à côté des mesures “pour les vils profits et les excès de profits”.
Cependant, trois questions se posent immédiatement concernant la proposition facile, pratique et profondément populiste de SYRIZA.
La première question est de savoir pourquoi devrait-on nationaliser PPC, dont la participation de l’Etat s’élève à 34% du capital social.
La deuxième question concerne la manière dont la nationalisation de PPC va se faire.
Et la troisième question, comment la scène énergétique domestique va-t-elle changer après la nationalisation de PPC, en faveur de l’économie réelle et de la société.
A la première question, SYRIZA répond en prenant comme exemple la nationalisation d’EDF en France. Mais il oublie de mentionner que l’Etat français détient déjà 84% de l’entreprise. Qu’EDF a un passif, c’est-à-dire des dettes de 43 milliards d’euros qu’il doit payer. Et qu’EDF aura besoin de quelques dizaines de milliards d’euros pour procéder à la construction de 6 à 14 nouvelles centrales nucléaires d’ici 2050. Au-delà du concept général de commande publique, Syriza n’a plus rien à dire sur EDF, car il ne mesure pas la complexité des problèmes.
En ce qui concerne la deuxième question, il y a aussi l’obscurité. SYRIZA ne dit pas ouvertement et clairement comment il procédera à la nationalisation de PPC. Comment les actions entreront-elles dans les mains de l’Etat ? Par la nationalisation forcée à la Maduro et Peron ? Par une offre publique facultative aux actionnaires par l’intermédiaire d’une bourse ? Par une offre publique obligatoire et une sortie parallèle de PPC du marché boursier ? Et quel est le coût prévisionnel pour l’Etat ?
Notons ici pour avoir une image des tailles, que la valeur actuelle de PPC à la Bourse d’Athènes est de 2 milliards d’euros, avec le cours de l’action à 5,07 euros, alors que lors de la dernière augmentation de capital, les investisseurs institutionnels étrangers s’étaient positionnés dans la part PPC à 9 euros.
La troisième question reste également sans réponse. Qu’est-ce que le PPC d’État fera différemment de ce qu’il fait en tant qu’entreprise aujourd’hui ? Va-t-il acheter de l’essence moins cher ? D’où; Achètera-t-il du gaz naturel auprès d’autres fournisseurs? Par qui; Produira-t-il de l’électricité moins chère ? De quelle manière ; Avec quelle technologie ? Avec quels investissements ? Combien coûteront ces investissements ?
Réduira-t-il les prix de détail de l’électricité pour les consommateurs ? Et si ces prix sont inférieurs aux prix de gros, qui couvrira les pertes ? L’unique actionnaire de la société publique PPC, c’est-à-dire les contribuables, qui aura déjà payé l’acquisition de 100% de PPC ?
En conclusion, le mot d’ordre pour la nationalisation du PPC peut provoquer une sur-stimulation dans le potentiel révolutionnaire réprimé des cadres de SYRIZA, mais ce n’est rien de plus qu’une autre bulle sans contenu ni substance.