de Christian Odendahl et Claudi Baccianti
Les entreprises, les ménages et les gouvernements de l’UE doivent investir davantage dans les énergies vertes, les infrastructures et l’efficacité énergétique pour atteindre l’objectif européen de zéro émission propre d’ici 2050.
Cela nécessitera des dépenses annuelles supplémentaires d’environ 1,7 % à 2 % du PIB. Si des extensions plus importantes des réseaux de transport public sont nécessaires, le montant des investissements sera plus élevé.
Les investissements à grande échelle dans la production d’électricité et le chauffage domestique sont largement incontestables, et la nécessité d’arrêter d’acheter de l’énergie russe les rend encore plus urgents.
Le prix du charbon s’applique déjà à la production d’électricité dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission de l’UE, et la voie vers une énergie neutre pour le climat est relativement claire. La technologie des maisons écologiques est également largement mature et bien établie.
L’ampleur des besoins de transport des investisseurs est plus incertaine. Les véhicules électriques arrivent sur le marché à un rythme croissant. La hausse actuelle du prix de l’essence ne fera qu’accélérer la propagation.
Si la technologie s’améliore rapidement pour inclure à la fois les avions et les camions électriques, une réinitialisation coûteuse du système de transport européen ne sera peut-être pas nécessaire, et l’Europe pourra remplacer progressivement les véhicules, les navires et les avions. Sinon, les gouvernements devront étendre les chemins de fer, un processus coûteux.
Le coût de l’investissement industriel est élevé, mais pourrait être réduit par le progrès technologique. Rendre le chauffage industriel “vert” est relativement facile car il existe des alternatives vertes au gaz naturel, bien que coûteuses.
En réaction aux prix actuels du gaz, le secteur privé investira davantage dans ces technologies. Mais les émissions de “procédés” non liées à la combustion de combustibles fossiles, comme les émissions émises lors de la production de ciment, sont beaucoup plus difficiles à éviter, ou stockées sous terre.
Le secteur privé doit entreprendre la plupart des investissements pour lutter contre le changement climatique. Mais le secteur public aura également un rôle à jouer.
Si l’UE ne garantit pas un prix du charbon suffisamment élevé pour que les investissements verts en valent la peine, le secteur public devra subventionner les investissements privés ou les faire respecter par des réglementations strictes.
Elle devrait également protéger les ménages les plus pauvres du coup, la hausse des prix de l’énergie et investir dans les zones à industrie “café” pour les aider à trouver de nouveaux modèles économiques.
Les investissements dans les énergies vertes sont en hausse en Europe, tant au niveau national qu’au niveau de l’UE, en partie grâce au fonds de relance. Mais il reste un énorme fossé en termes de besoins.
Une estimation grossière montre que l’Italie devra financer avec son propre budget 1,1 % du PIB par an de plus, pour atteindre les objectifs climatiques pour 2030, l’Espagne 1,3 % du PIB et la France 1,2 % du PIB.
Il n’y a aucun espoir que ces importants besoins d’investissement puissent être intégrés dans le budget actuel de l’UE. Dans le même temps, certains pays sont surendettés et ne peuvent plus augmenter leur dette.
Un compromis pourrait conduire à un processus d’examen de l’UE pays par pays, qui permettrait à certains investissements verts d’être exemptés des règles de l’UE et à certains d’être financés par des impôts plus élevés ou des réductions d’autres dépenses.
Vous pouvez consulter le texte ici : https://www.cer.eu/publications/archive/policy-brief/2022/eu-fiscal-rules-net-zero